lundi 9 février 2009

7 février 2009 : le massacre d'Ambohitsorohitra !

Ambohitsirohitra ! Ce 7 février restera une de ces dates qui n'auraient dû jamais existé. Un drame national. Une horreur. Un massacre délibéré. Je m'excuse si mes propos sont moins mesurés que d'habitude, mais les circonstances s'y prêtent : face à l'horreur, il n'y a plus d'opinion qui compte, mais simplement des sentiments humains. Nous présentons toutes nos condoléances aux familles des victimes des manifestants. Je vais essayer ci-dessous de vous raconter ce que j'ai vu et entendu avec le plus d'exactitude possible, conformément à la vocation de ce blog : témoigner.

ATTENTION, CERTAINS PHOTOS PEUVENT HEURTER LES ESPRITS.


Tout à commencer comme cela :
À la fin du discours de Mr Roindefo Monja (nommé premier ministre du gouvernement de transition), la foule scandait le nom du palais d' Ambohitsirohitra. Mr Roindefo demanda à la foule si elle voulait aller au palais. La foule enthousiaste répondu favorablement. Il fût alors décider que les manifestants devaient suivre la voiture des élus et du premier ministre nommé pour monter jusqu'à la primature.

Les voitures des officiels.

Les manifestants prennent le raccourci par les escaliers d'Analakely.
Arrivée à Antananirenina. Des barrages de polices barrent toutes les rues vers le palais.

Le service d'ordre des manifestants met de l'ordre pour éviter les débordements.
Des forces de polices pas vraiment à leur aise.
Premières discussions.
La voiture avec la sono arrivent. Ils tentent de calmer la foule. On entend des phrases comme "les forces de l'ordre sont nos amis… ".
La délégation officielle veut aller rencontrer les responsables de la Garde Présidentielle qui garde le palais pour des négociations.


Sous le pression de la foule, la police recule. Le service d'ordre des manifestants fait de son mieux.

Le Palais d'Ambohitsirohitra, quelques minutes avant le massacre, vue du fil qui fait office de "zone rouge". Pour information, une "zone rouge" à Madagascar, est une délimitation officielle au delà de laquelle l'armée à le droit de tirer.
La délégation à la rencontre de responsable de la garde présidentielle. Observer bien le fil rouge et blanc à peine tenu par une vielle table renversée : c'est cela la limite de la zone rouge.
Ce militaire, nous explique, très en colère, que "… je vous préviens, au delà de cette limite, je ne répond plus de rien… (il s'adresse aux journalistes présents)
La délégation par avec un refus catégorique de la garde présidentielle. Le général Dolin notamment est très déçu. Il était prévu de faire un sitting avec les manifestants devant le palais, pendant que les officiels (premier ministre et délégation prennaient possession du palais).

La foule a débordé les forces de l'ordre. Elle avance vers le palais.
L'arrivée vers le fil de la zone rouge. Les coups de feu ont été immédiat, sans somation ni grenade lacrimogène. Les coups de feu avec armes de guerre sont directes et pas en l'air. Les manifestants sont majoritairement touchés entre la tête et le haut de cuisse.
Des coups de feu nourris crépissent. Je me jette au sol derrière un muret d'une quarantaine de centimètres de haut. Les gens courent en tous sens. Quand les coups de feu s'arrêtent, je me dégage des gens couchés sur moi et regarde : une place vide, des manifestants qui court au fond. Des corps sans vie.

Cette femme, d'environ 45 ans, se traine par terre à la limite de la zone rouge, seule. La chance est avec elle : elle n'est apparemment pas touchée.

Un manifestant qui s'est trainé juste à côté de moi ; touché à la fesse.
Des corps sans vie sur la rue. Des milliers de paires de chaussures ou casquettes éparpillées.


Au péril de leur vie, des manifestants vont secourir les blessés.




ET encore des morts…
Une balle en pleine tête.

Un journaliste, caméraman de RTA, une TV locale.

Un enfant d'une dizaine d'année touché à la jambe.

Après cela, et une deuxième série de coups de feu, alors que les manifestants essayaient de récupérer les morts et les blessés, et que des journalistes faisaient leur travail au milieu des cadavres, Nous avons dû tous nous retrancher à l'hôtel Colbert qui accueillait tous les journalistes malgaches et étrangers.

Les tireurs derrière le mur du Palais.


Le lendemain matin à Antananirenina. Les militaires avaient pris le contrôle de la place.


Ces actes de barbarie hautement condamnables sont clairement établies : une foule de manifestant sans arme, même pas un baton, des gens de tous âges et toutes catégories sociales,… ont voulu se rendre au palais d'Ambohitsirohitra. Quand ils arrivèrent devant la cordelette de la zone rouge, les forces de la Garde Présidentielle ont tiré dessus sans somation avec des armes de guerre. La majorité des morts ou des bléssés ont été atteint à la hauteur du tronc et de la tête.
Je n'ai vu aucun mercenaire sur les lieux.